Assemblée générale des coops laitières Face aux critiques, une charte d’engagements envers les adhérents
Les coopératives laitières veulent redynamiser leur relation avec leurs associés coopérateurs grâce à une charte d’engagements mutuels. Concernant la question urgente du prix du lait, la Fncl cible elle aussi les distributeurs et estime très insuffisantes les hausses de deux à trois centimes par litre que ces derniers ont proposées.
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Dominique Chargé, président de la Fncl, explique à la tribune les revendications de sa fédération à Guillaume Garot, ministre délégué à l'Agroalimentaire. (© Terre-net Média) |
La Fncl (Fédération nationale des coopératives laitières), qui tenait ce jeudi 18 avril 2013 son assemblée générale annuelle, a présenté une « charte d’engagements mutuels entre coopératives et associés coopérateurs ». A travers cette charte, la Fncl encourage ses coopératives adhérentes à s’engager sur plusieurs points, notamment en matière de clarté des informations transmises aux coopérateurs sur la politique de développement, de prix, de gestion de volumes ou de rémunération du capital social. L’objectif ? « Réinvestir les associés-coopérateurs dans la vie de leur entreprise pour une meilleure maîtrise des enjeux et des stratégies ».
Cette charte, comprenant un total de sept engagements à l’égard des adhérents, constitue la réponse des coopératives aux critiques formulées sur leur position à l’égard de la contractualisation et de l’organisation des producteurs.
Pas de contraintes supplémentaires en matière de contractualisation
Dès l’instauration de la contractualisation par Bruno Le Maire en avril 2011, les coopératives, administrées par définition par les producteurs eux-mêmes, ont été logiquement exclues du champ d’application de la contractualisation. Or, les voix de l’Apli et des syndicats minoritaires, notamment, s’élèvent toujours, dénonçant des stratégies de prix et de développement échappant au contrôle des adhérents.
Les coopératives entendent aussi répondre, à travers cette charte, au ministre de l’Agriculture. Lors du Congrès de la Fnpl à Nantes, fin mars 2013, Stéphane Le Foll avait exigé des coopératives qu'elles « rendent des comptes sur leurs engagements pour appliquer réellement les principes de la contractualisation ».
Ce jeudi 18 avril, Dominique Chargé insiste : « les coopératives sont les organisations de producteurs les plus abouties ! » Le président de la Fncl a surtout demandé à Guillaume Garot, venu clôturer l’assemblée générale, « d’éviter toute disposition réglementaire nouvelle ou supplémentaire pour les coopératives. ».
Les propositions tarifaires des distributeurs « très insuffisantes »
Par ailleurs, Dominique Chargé ne pouvait évidemment pas passer sous silence la question urgente du prix du lait et de la répercussion de la hausse des charges sur les prix payés aux producteurs. Comme la Fnsea qui avait appelé ses troupes à manifester vendredi 12 avril 2013, le président de Laïta charge la distribution. « Les deux ou trois centimes de plus par litre proposés par les distributeurs sont très insuffisants ! » Mais le représentant des coopératives n’a pas donné de chiffre quant à la hausse de prix dont auraient besoin les coops.
« Chacun doit assumer son rôle », a-t-il insisté. A commencer par le médiateur des relations commerciales agricoles, Francis Amand, auquel Dominique Chargé n'attribue « aucun résultat », dix jours après la tenue de la table ronde sur la filière laitière au ministère de l’Agriculture.
Les éleveurs ciblent les distributeurs… Mais après ?
Mais le discours du président de la Fncl ne peut pas être rassurant pour les éleveurs, qui réclament à cor et à cri une hausse rapide du prix du lait de 30 €/1.000 l pour couvrir celle de leurs coûts de production. Car finalement, les quelques centimes par litre consentis par les distributeurs, pour peu que leurs engagements se concrétisent rapidement, ne reviendront pas aux producteurs. Les coopératives, comme les collecteurs privés, commenceront par redonner du souffle à des marges « très dégradées, voire négatives ». Et les deux ou trois centimes n’y suffiront pas.
Quant à la proposition de Michel-Edouard Leclerc de créer un fonds pour les éleveurs, abondé à parts égales entre les distributeurs et les transformateurs, « ce n’est qu’une énième manœuvre de diversion pour contourner les vrais problèmes ».
Les vrais problèmes à plus long terme, justement, se focalisent sur la non-application de la Lme. La révision de cette dernière est ainsi attendue avec impatience par les coopératives laitières. Et la Fncl se fait l’écho des exigences du collectif Coop de France-Ania-Fnsea. « La Lme doit s’appliquer ! Les fournisseurs doivent bénéficier d’un vrai cadre de négociation, transparent et équilibré. »
Des exigences martelées par les représentants des organisations professionnelles, et que Guillaume Garot, ministre délégué à l’Agroalimentaire, semble avoir bien intégrées. « La loi sur la Consommation réaffirmera que les conditions générales de vente doivent être la base de la négociation commerciale ». Et, selon le ministre, le texte intégrera aussi la question de la prise en compte de la volatilité dans la formation des prix.
Le projet de loi Consommation, doit être présenté par Benoît Hamon à la mi-mai en Conseil des ministres. Le débat parlementaire, lui, est prévu courant juin 2013. « Dès l’été, on saura à quoi s’en tenir », a assuré le ministre, qui, lui, présentera, fin mai, un « contrat de filière pour l’agroalimentaire » dans lequel il sera question de stratégies à l’export, de maintien de l’emploi et d’innovation.
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